Tora, le 10 juin 2010
Mon cher RYGIEL,
Une dernière fois, nous sommes rassemblés autour de toi ici en Afghanistan, pour te saluer et te rendre les honneurs militaires avant ton retour en France. Groupé pour un dernier adieu, nous voulons évoquer simplement quel camarade tu fus pour nous et quel exemple remarquable tu donnes à ALTOR et aux hommes des troupes d’assaut.
Engagé en mai 2002 à la Légion étrangère, tu rejoins le 2ème régiment étranger de parachutistes où tu sers durant toute ta vie de soldat. Jeune légionnaire à la 1ère compagnie, tu y apprends la rusticité, la rigueur et le sens de l’effort, qualités qui ne te quitteront plus jamais. Tu participes alors à deux missions extérieures, en Côte d’Ivoire d’abord, puis à Djibouti.
Ayant le goût de l’action, tu relèves un nouveau défi en rejoignant en 2004 la section commandos parachutistes du 2ème REP. Ayant une soif d’excellence, une volonté affichée de te dépasser physiquement, tu y trouves rapidement ta place. Equipier exemplaire et reconnu parmi tes pairs, tu fais preuve de solides qualités militaires et de vraies compétences, dans le domaine du tir notamment où tu t’investis avec passion. Ami sincère, camarade dévoué, en toute circonstance tu restes toujours souriant et décontracté. « Grognard au grand cœur », rien ne résiste à ton humour et à ta générosité débordante. Ton sens de l’à propos permet à la section de surmonter les coups durs avec sérénité et bonne humeur !
Engagé en Cote d’Ivoire encore, puis en Afghanistan il y deux ans déjà, tu participes à nouveau à l’opération PAMIR depuis janvier dernier. A chaque instant, tu te distingues par ton courage et ton souci de perfection. Digne de confiance, polyvalent, fidèle, tu fais preuve d’un véritable sens du devoir. Volontaire et efficace, tu es disponible, travailleur et réactif. Au combat ou au repos, tu marches toujours d’un même pas, dans la joie comme dans la peine.
Le 7 juin 2010 en début d’après midi, au cours de l’opération « Libecciu », en vallée de Tagab, ta section est en mission d’interception aux abords du village de Shelwatay. Avec ton équipe tu es posté en embuscade quand l’ennemi se dévoile. Pris sous un feu nourri des insurgés qui tentaient de s’infiltrer au travers du dispositif établi par ta section, tu es mortellement blessé. Fort de ton exemple, tes camarades repoussent cet assaut en leur infligeant des pertes sévères.
Cher Konrad, nous garderons de toi l’image d’un compagnon d’armes apprécié de tous. Aujourd’hui, au milieu de tes frères d’armes, entouré par la section commandos parachutistes que tu aimais tant, nous honorons ta mémoire. Accomplissant ton devoir jusqu’au bout, tu es tombé les armes à la main en faisant la preuve du dévouement immense qui caractérise les légionnaires. Ton sacrifice n’est pas vain, ta vaillance au combat nous oblige : avec détermination, nous maintiendrons – More Majorum. Tu rejoins ainsi la glorieuse cohorte de nos Anciens morts au combat. Le 2ème Régiment étranger de parachutistes emboîte le pas derrière toi, le cœur serré, mais fier de ton comportement dans la tourmente.
Plus particulièrement, en ce moment douloureux pour chacun d’entre nous, nous avons une pensée émue pour ta famille, tes parents, ta sœur, Alina et ton frère Mateusz, ainsi que tes proches, en France ou en Pologne.
A-Dieu Rygiel, que Saint Antoine veille sur toi et ceux qui te sont chers, et que Saint Michel t’accueille là haut, à ta place désormais, parmi tes frères d’armes unis par le même sang versé au service de la France.
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